
MONDE
L’entreprise internationale de courtage, qui compte 6 collaborateurs dans l’Hexagone, dispose d’un système d’information numérique interne qui synthétise toutes les offres et les demandes de ses clients, fournisseurs et prospects. « À un extrême du marché, nos données révèlent une demande internationale accrue sur les vins tranquilles et effervescents très qualitatifs, avec pour conséquence une absence de stock, explique Florian Ceschi, responsable France de l’entreprise californienne née en 1971. Sur ce segment, l’impact prix reste faible pour cette clientèle à la recherche de l’excellence. À l’autre extrême, la demande se concentre sur deux profils de vins, notamment sur les blancs. D’une part des produits très aromatiques avec des typologies comme le sauvignon de Nouvelle-Zélande, le picpoul-de-pinet ou le colombard du Gers, très marqués par les thiols. D’autre part des vins très rafraîchissants, faciles à boire, au goût peu prononcé, comme le pinot grigio où le premier verre en appelle un autre. » Pour illustrer ses propos, Florian Ceschi s’appuie sur les derniers modèles d’appartements construits en Chine, qui ne disposent même plus de cuisine. Les repas s’effectuent hors domicile. Les consommateurs recherchent des produits conviviaux, peu alcoolisés, pour pouvoir rester actifs. Sur les données de ses 10 bureaux dans le monde et de ses 50 collaborateurs, le courtier international souligne la croissance auprès des acheteurs chinois, en rouge, de deux extrêmes. Soit des produits « bodybuildés » en arômes, en alcool, en rondeur et exempts de tanins verts, soit des lots améliorateurs très mûrs de marselan, merlot ou cabernet. « Nous observons le même phénomène au niveau mondial dans les effervescents, avec d’une part une forte demande sur les champagnes, d’autre part sur des produits comme le prosecco, tous deux aux marchés en forte tension », reprend Florian Ceschi.
AOP génériques dépassées
Entre les deux, Ciatti constate un manque d’intérêt pour le « ventre du marché » des vins « ni trop chers, ni pas assez chers, ni trop bons, ni pas assez bons », auprès des consommateurs internationaux comme les AOP génériques françaises ou les crémants. « Nous avons le choix entre évangéliser – en vain – la planète sur les spécificités de nos 400 appellations hexagonales ou répondre aux attentes du marché », reprend Florian Ceschi qui souligne que le consommateur, notamment en Europe du Nord, reste très attaché aux vins de cépage, avec peu de considération pour les appellations. Le responsable d’entreprise, basé à Montpellier, estime que les vignerons français, très investis dans la qualité, parfois en AOP au cadre contraignant, très souvent en IGP, disposent encore d’une carte à jouer pour prendre le train en marche de la demande forte et insatisfaite sur les produits premium.
Marchés intracontinentaux
Par ailleurs, le courtier souligne que les tensions sur les offres de transports internationaux favorisent les échanges intracontinentaux, notamment en Europe et en Amérique du Nord. « Avant le confinement, la logistique apportait un service rapide, fiable et peu coûteux, reprend le dirigeant de Ciatti France qui réalise les deux tiers de son activité à l’international. Les rayons vides des supermarchés anglais, jusque-là remplis de produits du Nouveau Monde, révèlent un retournement de situation sur ces trois critères. Les opérateurs du transport de conteneurs par mer, après avoir travaillé avec des faibles marges, organisent la rareté et affichent des rentabilités records. Ce secteur maritime, préalablement plus atomisé, a pris une forme oligopolistique avec un nombre réduit de majors internationaux. Cette situation favorise un retour à une proximité continentale. Ainsi, en Europe, particulièrement bien équipée en voies de transports terrestres, nous allons voir se développer, pour les produits de consommation courante, de plus en plus de vins d’Europe centrale venus de Roumanie, de Bulgarie, voire de Géorgie. Le phénomène reste similaire aux États-Unis, affectés un temps par les taxes Trump. Des rosés de Californie ou de l’Ontario apparaissent désormais dans les rayons, avec des spécificités organoleptiques et des codes marketing proches des produits provençaux. Cette production française, jusque-là hégémonique en rosé, a perdu du terrain, notamment avec la disparition des metteurs en marché les plus petits qui n’ont pu amortir le différentiel de marge imposé par la fiscalité. »
Risques politiques
Si les pays du Nouveau Monde souffrent d’un handicap en raison de leur éloignement des marchés de l’hémisphère Nord, Florian Ceschi entrevoit un autre risque, politique celui-là, pour certains d’entre eux. Et de citer la situation de l’Australie, brutalement privée du marché chinois. Ou encore celle de pays d’Amérique du Sud à la situation politique beaucoup plus bipolarisée, jamais à l’abri de décisions gouvernementales brusques et radicales susceptibles de remettre en cause des accords de libre-échange signés de longue date, à l’instar des éruptives taxes Trump. « Le risque est pendant pour le Chili », assure-t-il. L’après-confinement rebat les cartes du commerce international de manière accélérée et inattendue.
Ciatti pronostique la fin des vins dans le « ventre du marché »
Le cabinet de courtage international Ciatti souligne l’accentuation depuis 18 mois d'une distorsion croissante entre l’offre hexagonale de vins et la demande des marchés mondiaux. La société prédit une baisse des produits cœur de gamme sans relief, un développement des marchés intercontinentaux et des risques politiques dans le Nouveau Monde.
L’entreprise internationale de courtage, qui compte 6 collaborateurs dans l’Hexagone, dispose d’un système d’information numérique interne qui synthétise toutes les offres et les demandes de ses clients, fournisseurs et prospects. « À un extrême du marché, nos données révèlent une demande internationale accrue sur les vins tranquilles et effervescents très qualitatifs, avec pour conséquence une absence de stock, explique Florian Ceschi, responsable France de l’entreprise californienne née en 1971. Sur ce segment, l’impact prix reste faible pour cette clientèle à la recherche de l’excellence. À l’autre extrême, la demande se concentre sur deux profils de vins, notamment sur les blancs. D’une part des produits très aromatiques avec des typologies comme le sauvignon de Nouvelle-Zélande, le picpoul-de-pinet ou le colombard du Gers, très marqués par les thiols. D’autre part des vins très rafraîchissants, faciles à boire, au goût peu prononcé, comme le pinot grigio où le premier verre en appelle un autre. » Pour illustrer ses propos, Florian Ceschi s’appuie sur les derniers modèles d’appartements construits en Chine, qui ne disposent même plus de cuisine. Les repas s’effectuent hors domicile. Les consommateurs recherchent des produits conviviaux, peu alcoolisés, pour pouvoir rester actifs. Sur les données de ses 10 bureaux dans le monde et de ses 50 collaborateurs, le courtier international souligne la croissance auprès des acheteurs chinois, en rouge, de deux extrêmes. Soit des produits « bodybuildés » en arômes, en alcool, en rondeur et exempts de tanins verts, soit des lots améliorateurs très mûrs de marselan, merlot ou cabernet. « Nous observons le même phénomène au niveau mondial dans les effervescents, avec d’une part une forte demande sur les champagnes, d’autre part sur des produits comme le prosecco, tous deux aux marchés en forte tension », reprend Florian Ceschi.
AOP génériques dépassées
Entre les deux, Ciatti constate un manque d’intérêt pour le « ventre du marché » des vins « ni trop chers, ni pas assez chers, ni trop bons, ni pas assez bons », auprès des consommateurs internationaux comme les AOP génériques françaises ou les crémants. « Nous avons le choix entre évangéliser – en vain – la planète sur les spécificités de nos 400 appellations hexagonales ou répondre aux attentes du marché », reprend Florian Ceschi qui souligne que le consommateur, notamment en Europe du Nord, reste très attaché aux vins de cépage, avec peu de considération pour les appellations. Le responsable d’entreprise, basé à Montpellier, estime que les vignerons français, très investis dans la qualité, parfois en AOP au cadre contraignant, très souvent en IGP, disposent encore d’une carte à jouer pour prendre le train en marche de la demande forte et insatisfaite sur les produits premium.
Marchés intracontinentaux
Par ailleurs, le courtier souligne que les tensions sur les offres de transports internationaux favorisent les échanges intracontinentaux, notamment en Europe et en Amérique du Nord. « Avant le confinement, la logistique apportait un service rapide, fiable et peu coûteux, reprend le dirigeant de Ciatti France qui réalise les deux tiers de son activité à l’international. Les rayons vides des supermarchés anglais, jusque-là remplis de produits du Nouveau Monde, révèlent un retournement de situation sur ces trois critères. Les opérateurs du transport de conteneurs par mer, après avoir travaillé avec des faibles marges, organisent la rareté et affichent des rentabilités records. Ce secteur maritime, préalablement plus atomisé, a pris une forme oligopolistique avec un nombre réduit de majors internationaux. Cette situation favorise un retour à une proximité continentale. Ainsi, en Europe, particulièrement bien équipée en voies de transports terrestres, nous allons voir se développer, pour les produits de consommation courante, de plus en plus de vins d’Europe centrale venus de Roumanie, de Bulgarie, voire de Géorgie. Le phénomène reste similaire aux États-Unis, affectés un temps par les taxes Trump. Des rosés de Californie ou de l’Ontario apparaissent désormais dans les rayons, avec des spécificités organoleptiques et des codes marketing proches des produits provençaux. Cette production française, jusque-là hégémonique en rosé, a perdu du terrain, notamment avec la disparition des metteurs en marché les plus petits qui n’ont pu amortir le différentiel de marge imposé par la fiscalité. »
Risques politiques
Si les pays du Nouveau Monde souffrent d’un handicap en raison de leur éloignement des marchés de l’hémisphère Nord, Florian Ceschi entrevoit un autre risque, politique celui-là, pour certains d’entre eux. Et de citer la situation de l’Australie, brutalement privée du marché chinois. Ou encore celle de pays d’Amérique du Sud à la situation politique beaucoup plus bipolarisée, jamais à l’abri de décisions gouvernementales brusques et radicales susceptibles de remettre en cause des accords de libre-échange signés de longue date, à l’instar des éruptives taxes Trump. « Le risque est pendant pour le Chili », assure-t-il. L’après-confinement rebat les cartes du commerce international de manière accélérée et inattendue.